HISTOIRE
LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN
AD LITERAM

LE « MENTOR » DE L’ULTRA-GAUCHE

 

Mélenchon bastille 2



« Il fera beau. Mitterrand s’en occupe. Je crois aux forces de l’esprit ! » Effectivement, le temps qui inquiétait s’est plutôt maintenu et ce sont des milliers de personnes qui ont répondu à son appel. Ils étaient 30 000 ou 50 000, peu importe, ils étaient plus nombreux que prévu à marcher sur ce vieil itinéraire des protestations entre Nation et Bastille. Le "Méluche" aime les symboles, il en joue, ils le servent, il le sait.

Un coup d’éclat réussi que le PC agonisant de Pierre Laurent n’aurait jamais pu réaliser, et qui propulse le candidat de l’ultra gauche au-delà des 10% d’intentions de vote, construisant méthodiquement le rapport de force. C’est le seuil des 15% qui est visé, voire plus. L’électorat qu’il agrège se soude  au fur et à mesure redessinant les contours de la gauche et le partage des secteurs d’influence.

Mais d’où vient le succès de Jean-Luc Mélenchon ?

De lui-même d’abord. 

C’est un tribun comme la gauche les aime. Il a une dialectique solidement construite qui donne de la cohérence à son discours servi par un talent oratoire qui touche les foules. Cela a beau être un assemblage de vieilleries du XIXème siècle, d’idées surannées, de recettes hors temps et hors contexte mondial, ça marche parce qu’il surfe sur les effets visibles de la crise et l’électorat auquel il s’adresse est prêt à entendre ce discours et, soit n’a pas les moyens de le relativiser, soit y adhère par connivence intellectuelle.

D’un concours de circonstances aussi.

L’ultra gauche est doublement orpheline : de Besancenot et de Laguiller que Poutou et Arthaud n’arrivent pas à remplacer. Le NPA est un échec et Lutte Ouvrière est en déclin. Mélenchon tombe du ciel comme l’Homme providentiel. Le choix de Hollande par le PS lui facilite la tâche aussi en lui ouvrant une aile gauche que Martine Aubry aurait pu mieux contrôler. Autre concours, la décadence du PC qui a dû se résigner à soutenir un candidat qui n’est pas de la maison. Tous ces éléments agrégés forment un socle de départ qui permettait d’asseoir la campagne sur un seuil de 7- 8%. Le savoir-faire de l’Homme a permis de capitaliser, si j’ose dire, sur ce patrimoine. Enfin, la campagne catastrophique d’Eva Joly lui permet aussi d’empiéter sur la part gauchiste de l’électorat des verts, un  potentiel non négligeable de 6 à 8% qui peut venir s’ajouter.

Dernier élément. 

Jean-Luc Mélenchon profite du flou et de la mollesse qui sue par tous les pores du candidat du PS. Alors que lui dit aux gens de gauche ce qu’il ont envie d’entendre sur un ton déterminé, avec un avis tranché sur tout, son concurrent, empêtré à ménager tout et son contraire, n’offre que des réponses changeantes et construit méthodiquement le doute sur sa capacité à gouverner.

« L’effet Mélenchon » est bien là et bouscule la campagne. Certains à droite rêve déjà d’un face-à-face avec Sarkozy. Bien qu’improbable, ce scénario n’est pas impossible. Face à la crise, il faut des certitudes. Ce sont deux candidats qui en véhiculent et répondent à ce besoin.

Mais il y a un bémol...

... qui doit nous conduire à relativiser ce phénomène : pour l’instant, les intentions de vote cumulées en faveur du candidat du Front de Gauche, de Poutou et d’Arthaud sont moins élevées que le total des scores réalisés par l’ensemble des candidats de la gauche de la gauche aux derniers scrutins présidentiels. La nouveauté c’est qu’un seul candidat capitalise sur son nom toute la gauche radicale de tradition révolutionnaire. Un filon qu’il exploite avec méthode par un vocabulaire adapté qui parle d’insurrection « citoyenne » ou de « révolution par les urnes ». C’est Die Linke à la mode française. Il arrivera aussi un moment où s’il mord trop sur les intentions de vote en faveur de Hollande, un « effet vote utile » pourrait l’affaiblir au dernier moment. Enfin, comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon souffre d’un déficit de crédibilité économique qui constitue un frein à sa progression. Rappelons que le total des voix de la gauche radicale plafonnait à 15% en 2002.

Une fois toute l’ultra gauche agrégée, tout le pari repose donc sur sa capacité à empiéter sur la gauche du PS et sur les verts, alors une surprise sera possible. Il a raison d’y croire.

 

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