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IDEOLOGIE CONTRE LEADERSHIP

                                                                                          

                                                         

La mise en place de la nouvelle direction du PS montre assez que la réconciliation est difficile pour ne pas dire impossible. Martine AUBRY, faute de pouvoir éliminer Ségolène ROYAL, ce qu’elle n’a jamais pensé pouvoir faire, compte bien utiliser le poste de première Secrétaire qu’elle vient de conquérir de justesse pour renforcer son camp. Elle peut estimer avoir du temps devant elle et le moment venu, envisager sa propre candidature, en s’appuyant sur une machine électorale qu’elle aura « à sa main ».

                                                               

Car sous notre Vème République, avec un régime devenu encore plus présidentiel avec le passage au quinquennat, le poste qu’elle occupe désormais prépare naturellement la candidature à la présidence, tout simplement parce que les élections se jouent sur le leadership. La méthode de Martine AUBRY est-elle la bonne ?  Elle tient sa légitimité de son gauchissement. C’est ce qui lui permet d’avoir la grande partie des rouages directoriaux avec elle. Cela dit, gouverner le parti est une chose, réunir plus de 50% des suffrages nationaux en est une autre. Avec l’idéologie est elle sure de rassembler les électorats divers de la gauche. Mais dans un scrutin national à fort enjeu, qui mobilise toutes les couches d’électeurs, ça n’est pas suffisant. Au second tour, celui qui gagne c’est celui qui rassemble le mieux. C’est ce qu’avait compris Nicolas SARKOZY en 2007 : on rassemble d’abord sa famille en étant le seul candidat, puis on part à la conquête des autres électeurs. Et dans ce débat-là, les idées comptent moins que le leadership. L’enjeu, pour la (ou le) future candidate du PS, c’est donc l’unité du parti comme base de départ.

                                  

Rassembler, c’est aussi ce qu’a tenté de faire Ségolène ROYAL en 2007. On a bien vu, que les crocs-en-jambe et les petits complots ont miné sa campagne, et l’ont finalement fait perdre. Même si ce n’est pas la seule explication. Son score de 47%, elle le doit aussi au leadership qu’elle a exercé et qu’elle souhaite continuer d’exercer. Toute sa stratégie est axée sur cette obsession. Et la prise du commandement du PS en faisait partie. Elle a bien compris, et va faire en sorte que ce soit le cas, que l’élection préalable à la grande explication tourne autour d’une seule personne plutôt qu’autour des idées. Ce système, c’est Lionel JOSPIN qui l’a voulu en obtenant la réduction du mandat présidentiel à cinq ans et l’élection du Président de la République avant celle des députés. Et Ségolène ROYAL a bien intégré qu’il fallait s’y prendre longtemps à l’avance pour devenir le plus tôt possible dans l’opinion celle qui incarne le mouvement.

                                                      

Mais comment le PS va-t-il se sortir d’une situation dans laquelle il risque d’y avoir le moment venu deux prétendantes ? Tout laisse à penser que le division du parti est durable et que la logique qui a conduit à la désignation de Martine AUBRY, conduira de la même façon à tout faire pour empêcher Ségolène de se présenter, et si elle le fait, de gagner. Le parti est affaibli et sa nouvelle direction entérine une division très préjudiciable pour l’avenir. Cela ne veut pas dire qu’il n’engrangera pas des succès électoraux ici ou là, car les électeurs de gauche (et en cela, ils font preuve de plus d’abnégation que ceux de droite) sont capables malgré tout de continuer de voter pour les candidats que le parti présentera. Mais concernant le scrutin majeur, avec l’échec du congrès et les convulsions qui ont suivi, la rupture consommée entre deux camps rivaux, c’est un autre échec qui est en gestation.

                                                                 

Déjà s’esquisse le décor du combat qui s’annonce pour 2012. Un PS pris en main par Martine AUBRY avec un programme qu’on peut déjà imaginer : répartir les richesses et le travail, taxer les riches et les moins riches, réhabiliter la social-démocratie, tout en affichant des idées que la mondialisation n’avalise pas. La crise va aider à gauchir un peu plus le projet.  

                                                      

De son côté Ségolène ROYAL, capable de toutes les adaptations, réformiste au printemps, étatiste à l’automne, est plus dans la ligne d’une « blairisation »  et son profil saura s’adapter à l’évolution de la situation. Sa technique de conquête du pouvoir se perfectionne, mais son handicap sera d’avoir l’appareil et la logistique d’un parti sinon contre elle, pour le moins réticent à son égard.

                                                          

Dans un tel contexte, avec deux candidates, un parti campant sur un socle d’idées on ne peut plus archaïque, l’une comme l’autre, pour gagner, doit prier le bon dieu que la France s’enfonce dans une crise très profonde. On en peut pas penser qu’elles souhaitent le malheur de notre pays, pourtant si la situation se retourne, si le pays se redresse, la nécessité du dirigisme s’estompera. Et avec le retour de la croissance, leurs espoirs de gagner s’envoleront….

 

                                                                    

                                         

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